On trouve habituellement la bactérie Legionella pneumophila dans l'environnement, et elle prolifère dans les eaux tièdes et les endroits tièdes et humides (réseaux de distribution d'eau). La bactérie se développe principalement dans les eaux dont la température est comprise entre 25 et 47 °C. C'est pourquoi il est recommandé de régler son chauffe-eau à une température de 50-55 °C. Mais nous allons voir que limiter le risque de légionelles ne s'avère pas aussi simple...
Une fois de plus, on ne peut être que très réservé sur les actions entreprises pour remédier à la situation. Ce sont des pratiques très contestées qui ne sont plus d’actualité (cf. le guide technique du CSTB), valables en fait si elles sont effectuées la veille d’un contrôle mais en réalité contre-productives, notamment sur la durée. Il y a plus de 10 ans, on avait constaté qu’après 1 minute à 70 °C, les légionelles étaient tuées. On avait donc logiquement déduit qu’il suffisait de monter la température de l’eau à 70 °C pour résoudre un problème de contamination de réseau.
Car cela signifie en fait qu’il faut monter à cette température en tout point du réseau, ce qui est très difficile à obtenir dans un immeuble (accéder à chaque appartement et y faire couler l’eau à 70 °C en présence de quelqu’un car à cette température un cas de brûlure est grave) donc une pratique correcte difficile à mettre en œuvre dans un grand ensemble.
En fait, les bactéries savent parfaitement réagir, certaines d’entre elles vont se réfugier dans le corps d’autres bestioles : les amibes qui, elles, ne sont pas détruites à 70 °C ; d’autres vont se réfugier dans des bras morts (des bouts de canalisations qui ont été coupées et dans lesquelles l’eau ne circulant pas, elle ne monte pas à 70 °C). Donc dès que la situation redevient normale (que la température retombe à 60 °C ou moins), les légionelles sortent de leurs « caches » et sont à nouveau disponibles pour se reproduire.
Ces chocs thermiques sont la cause de décrochage de morceaux de biofilm (des dépôts qui se trouvent sur les parois des canalisations, c’est là que se concentrent 99 % des bactéries, or la chloration n’a absolument aucun effet sur le biofilm).
→ Conséquence : si des morceaux de biofilm emportés par l’eau se déposent dans des parties du réseau à faible débit, donc à température plus basse, les légionelles vont y développer un foyer. C’est la raison pour laquelle on dit que la pratique de chocs chlorés et/ou de chocs thermiques sont le meilleur moyen d’ensemencer un réseau.
On sait qu’à 60 °C la couche de zinc qui protège de la corrosion une canalisation en acier galvanisé est éliminée. Si en plus on fait de la chloration, c’est la garantie non seulement de dégrader sérieusement un réseau, mais en plus on favorise le développement des légionelles, ces dernières étant très friandes de rouille. La pratique des chocs thermiques avec un réseau en acier galvanisé est encore très courante alors qu’elle est formellement interdite par le DTU mais très probablement que le réseau à Grigny 2 n’est pas en acier galvanisé. Cette pratique des chocs thermiques et chlorés, très onéreuse, inefficace sur le long terme, destructrice des réseaux… est manifestement très profitable pour ceux qui la pratiquent (aux donneurs d’ordre de veiller à la bonne gestion de leurs deniers).
Si un réseau chauffage bouclé est bien équilibré et la température départ suffisante pour qu’en tout point du réseau on ait un minimum de 50 °C, on n’a pratiquement pas de chance d’avoir des légionelles (en effet, à partir de 50 °C, elles ne se reproduisent plus). Encore faut-il qu’un réseau bien équilibré à l’origine, le reste dans le temps... Or, s’il n’y a aucun traitement de l’eau, le calcaire et la rouille vont colmater des canalisations et des organes d’équilibrage au détriment du bon écoulement de l’eau et en favorisant la formation du biofilm (ce dépôt visqueux qui renferme 99 % des bactéries).
Il existe maintenant des appareils innovants d’un coût très abordable qui, sans rajout d’aucun produit chimique donc sans aucun coût de fonctionnement, vont limiter la formation de dépôts de tartre, de rouille, de biofilm et les éliminer là où ils existent.
→ Conséquence : en assainissant le réseau, ces procédés rendent le milieu bien moins favorable à un risque de développement des légionelles. (Autre atout : ces appareils agissent sans aucune intervention de technicien pour leur fonctionnement). Partout où ces dispositifs sont installés, on constate la disparition ou en tout cas la chute des cas de légionelles. Et s’il faut traiter, grâce à l’effet de synergie avec un traitement chimique, on obtient des résultats similaires pour une concentration très réduite de produits chimiques, donc beaucoup moins destructrice du réseau. Bien entendu, pas plus ces appareils que toute autre maintenance ne pourront remédier à une erreur de conception ou de réalisation d’un réseau. Tant que l’on ne se sera pas donné les moyens et donc les compétences pour s’attaquer au problème de fond, qui est d’avoir un bon équilibrage du réseau et un entretien permanent grâce notamment à ces appareils innovants, il faudra recourir à la désinfection par chloration et montée en température sans aller bien évidement jusqu’à cette regrettable pratique des chocs.