Le technicien chauffage connaît son installation. Il doit être en mesure, en 15-20 minutes, de décrire l’installation, préciser les interventions qu’il y a eu et exprimer ce qui, à son avis, ne fonctionne pas bien et qui peut expliquer l’embouage.
Tout chauffagiste devrait faire a minima une analyse d'eau par an. Sinon, il lui est impossible de connaître la qualité de l’eau de l’installation. Cela à condition que l’analyse soit faite sur un nombre suffisant de paramètres pour avoir une « radiographie » de l’installation.
À savoir : Les analyses réalisées par les traiteurs d’eau auxquels s’adressent une majorité de chauffagistes ont surtout pour objectif de prouver « le besoin de conditionnement (traitement) de l’eau » et, s’il existe déjà, d’en vérifier l’efficacité. Aussi, ces analyses ne portent que sur un nombre limité de paramètres, insuffisant pour apprécier la qualité de l’eau. En outre, faire une analyse quand on est juge et partie… Il est donc préférable de passer par un laboratoire agréé Cofrac, qui n’intervient pas dans les traitements.
Alors que la qualité de l’eau est un critère prioritaire, rares sont les chauffagistes qui s’intéressent aux analyses de l’eau, ils en confient le soin au traiteur d’eau. (Bien souvent, il n’y a aucune analyse d’eau du réseau chauffage, si la présence d’un traiteur d’eau n’a pas été jugée utile jusqu’à présent).
Il faut les limiter au maximum. Car riches en oxygène, les apports d'eau aggravent la corrosion et peuvent créer un problème d’entartrage. (Sans apports d’eau importants, le risque d’entartrage est quasi inexistant dans un circuit fermé et ne justifie pas un adoucissement de l’eau).
Un compteur d’eau doit équiper toute installation de chauffage. Le 1er remplissage permet de connaître le volume d’eau de l’installation et ensuite de comptabiliser les apports d’eau.
Tous les apports d’eau devraient figurer sur le carnet d’entretien de la chaufferie, avec mention de la date et du volume d’eau introduit. Ils devront justifier (chaque fois que possible) les causes de ces apports d’eau. L’idéal est de les reporter ensuite sur le rapport des analyses d’eau faites par un laboratoire, car elles peuvent expliquer certains des mauvais résultats.
Privilégier les purgeurs à grand débit plutôt que les purgeurs à flotteur d’obturation. Ils sont plus performants, moins soumis à un risque de bouchage ou de défaillance mécanique.
À noter : Ne pas installer un purgeur d’air sur une canalisation horizontale, il aura peu d’effet. Le positionner à l’aplomb d’une canalisation verticale.
Vérifier qu’il y a bien un purgeur en tout point haut (colonne montante, ballon, bouteille de mélange…).
Contrôler une fois par an le bon fonctionnement de ces purgeurs d’air.
Elles sont destinées à éliminer l’air pouvant stagner en partie haute d’un radiateur. Idéalement, il faudrait faire une purge à chaque nouvelle saison de chauffage pour chaque radiateur, ou à minima que le chauffagiste fasse quelques contrôles par sondage (à mentionner dans le carnet d’entretien).
En cas d’embouage chronique, procéder à une purge de l’ensemble des radiateurs.
À savoir : La pratique de purges excessives peut causer des problèmes. Certains résidents, croyant que c’est uniquement chez eux que la température est insuffisante, prennent l’initiative de faire des purges à répétition, persuadés (à tort) que la température va ainsi remonter. Ces purges, si elles se répètent et sont pratiquées par plusieurs occupants, nécessitent des apports d’eau importants, contribuant ainsi à l’embouage. Informer les résidents qu’il s’agit là d’une mauvaise pratique est essentiel.
Sous-dimensionné, (il peut entraîner l’ouverture des soupapes de sécurité et donc un appoint d’eau), un défaut de la membrane (fissurée, devenue poreuse) peut être la cause d’entrées d’air importantes. En outre, la corrosion intérieure de la cuve contribue à la formation de boues.
Contrôler une fois par an le vase d’expansion (son état, sa pression).
C’est bien connu, « les gaines en PER ne sont pas bien étanches ». C’est le cas pour les gaines en PER sans BAO (Barrière Anti Oxygène), donc à exclure pour les réseaux chauffage. Car une fois en place, on ne peut plus rien faire pour leur manque d’étanchéité.
En réalité, le problème est plus général. Ce sont toutes les gaines PER (BAO ou non), y compris les gaines en PE (Polyéthylène) ou multicouche, qui peuvent avoir un problème d’étanchéité. Mais c’est au niveau des raccords que se pose le problème, ils peuvent manquer d’étanchéité (notamment quand ils sont mal montés).
Vérifier, dans la mesure du possible, le montage des raccords de ces gaines. (Certains chauffagistes font un contrôle par sondage pour se faire une idée).
Un manque d’étanchéité se constate également parfois avec les raccords des compteurs individuels, car étant maintenant souvent en plastique, la pratique est d’éviter au départ de les serrer trop fort. (Il faudrait les recontrôler ultérieurement).
Vérifier que la pression de l’eau est d’au moins 1,5 Bar à l’entrée des collecteurs (ou clarinettes) de départ des boucles en cas de chauffage par le sol.
Vérifier l’état du vase d’expansion. Car il permet de maintenir une pression suffisante en tout point d’une installation, empêchant une dépression pouvant permettre une entrée d’air au niveau des purgeurs d’air automatiques ou des raccords.
Un défaut de mise à la terre :
À contrôler systématiquement à toute nouvelle prise de contrat par le prestataire de chauffage.
Une mauvaise réalisation des liaisons équipotentielles :
Pour garantir l’absence de potentiel électrique entre la canalisation électrique et des éléments métalliques par un câble électrique les reliant.
À contrôler systématiquement s’il y a un problème d’embouage.
Une perturbation électromagnétique :
Elle peut être créée en raison de la proximité d’un tableau électrique, d’un chemin de câbles, de moteurs sans protection spécifique, d’un faisceau d’ondes multiples.
Une distance minimum de 50 cm avec la canalisation d’eau est recommandée. A-t-on repéré des endroits où ce risque existe ?
La multiplicité de métaux dans une installation :
On ne peut rien y faire le plus souvent. Cependant :
Refuser des travaux de réparation avec du cuivre notamment en chaufferie alors que l’installation est en acier galvanisé (c’est assez fréquent).
Veiller à ce qu’aucun résident n’installe chez lui des radiateurs en alu ou fonte d’alu alors que l’ensemble des radiateurs sont en acier.
Contrôler l’état et, si possible, remplacer les flexibles en caoutchouc à tresse métallique des ventilo-convecteurs, par des flexibles en inox ou canalisations multicouche ou cuivre.
Les bactéries BSR (Bactéries Sulfato-Réductrices) aggravent la corrosion.
Les bactéries filamenteuses présentes avec le chauffage basse température ont tendance à obstruer les canalisations. (Un filtre magnétique est sans effet sur les bactéries).
Une analyse de l’eau permet de savoir s’il y a des bactéries et de valider ou non un traitement existant.
Un rinçage inadéquat de l’installation, soit au démarrage, soit après des travaux, peut laisser des résidus qui contribuent à l’embouage.
Un rinçage de l’installation n’est à envisager que s’il est vraiment justifié (et non au cas où…). Cela peut inclure des particules de soudure, de la filasse, ou autres résidus laissés dans le réseau.
Les boues ont tendance à se déposer dans les parties à faible vitesse, alors que de l’abrasion peut se produire dans les parties à vitesse trop élevée.
Vérifier s’il y a bien des vannes d’équilibrage sur le réseau. Sinon, il est important d'en faire installer et de contrôler l’équilibrage pour assurer une distribution homogène de l'eau.
À noter : Les pompes à débit variable sont actuellement très populaires. Cependant, certains bureaux d’études en reviennent, car ils constatent que, lorsqu'elles fonctionnent en mode petite vitesse, les réseaux situés en bout de ligne ont tendance à s’embouer.
Conclusion : Il est essentiel de comprendre les causes de l'embouage et de prendre des mesures préventives pour maintenir l'efficacité d'une installation de chauffage ou d'eau glacée. Un traitement approprié, qu'il soit chimique ou physique (comme avec un désemboueur ABC Protect), sera plus efficace si les principaux dysfonctionnements de l'installation sont corrigés ou au moins atténués.